Qui d’entre nous n’a pas déjà entendu ces mots? Que ce soit dans le contexte d’un retour nostalgique dans le passé ou d’un partage de sagesse susceptible de provoquer un roulement d’yeux, il s’agit d’une entrée en matière que tout parent se doit de maîtriser. Une mise en garde s’impose, cependant : si vous refusez de vous adapter aux réalités d’aujourd’hui, votre attachement au passé pourrait vous causer des problèmes…

Dans Droit de la famille – 1334, il est question de la garde de deux jeunes enfants. Après la séparation de leurs parents, en 2008, leur garde est confiée à leur mère et le père se voit accorder des droits d’accès limités. En 2011, en raison de lacunes constatées chez la mère, la garde est confiée au père, qui semble être plus en mesure d’encadrer, d’éduquer et de discipliner les enfants.

Ce qu’on ignore toutefois à l’époque, c’est l’étendue de l’encadrement et de la discipline que le père fournira à ses enfants. Le père a grandi en Égypte, dans les années 1950, il est issu d’une famille où la discipline et l’obéissance totale des enfants envers les parents étaient la norme, et il s’agit du même régime qu’il entend imposer aux enfants, voulant contrôler tous leurs faits et gestes.

C’est dans ce contexte que la mère cherchera de nouveau à obtenir la garde. Le juge Robert Mongeon, saisi du dossier, détermine dans un premier temps que le climat instauré par le père depuis qu’il avait la garde constitue un changement substantiel et suffisamment important pour justifier une révision de la question de la garde. Dans un second temps, après avoir noté que le père ne faisait pas preuve de mauvaise foi et qu’il était personnellement convaincu qu’il agissait pour les seuls intérêts des enfants, il conclut que le père semble incapable d’adapter ses mesures disciplinaires et éducationnelles à la réalité montréalaise et québécoise de 2013. Pour lui, une garde partagée permettra aux enfants de bénéficier d’un certain contrebalancement et d’un juste équilibre entre les approches de leurs deux parents.

La leçon à tirer de ce jugement? Dans les mots du juge Mongeon, «il appartient aux parents de s’adapter à la réalité d’aujourd’hui et de faire les efforts nécessaires quant aux meilleurs intérêts des enfants que de leur imposer l’inverse».

Référence

Droit de la famille — 1334 (C.S., 2013-01-11), 2013 QCCS 98, SOQUIJ AZ-50927139, 2013EXP-359, J.E. 2013-187

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