Les cryptomonnaies ont la cote, tant par leur caractère révolutionnaire que par la technologie qui les supporte, soit la chaîne de blocs, qui est censée révolutionner de nombreuses industries au cours des prochaines années.

Risquées en soi (la valeur du Bitcoin est passée de 20 000 $ US à 6 000 $ US depuis le mois de décembre dernier), les monnaies virtuelles peuvent devenir létales lorsqu’elles sont maniées par des gens qui exercent leurs activités en marge de la loi.

Et le Québec n’est pas épargné.

De nombreuses occasions d’investissement dans ce domaine sont véhiculées sur les sites de petites annonces, des sites Internet établis à l’étranger ou les médias sociaux. On y promet généralement des rendements faramineux.

Dans Usi-Tech Limited, les intimées proposaient aux investisseurs un « BTC-Package » dont le rendement était engendré par la négociation de Bitcoins au moyen d’un logiciel automatisé, ainsi qu’un « Token » lié à l’hypothétique succès d’une cryptomonnaie qu’elles entendaient créer et commercialiser (à noter que le délai d’appel de cette décision n’est pas expiré au moment de la publication du présent billet).

Dans PlexCorps, on proposait aux investisseurs de participer au lancement d’une nouvelle monnaie virtuelle, le PlexCoin. On proposait également les services d’une cryptobanque, et des bonis de référencement. Au moment de l’audience d’urgence devant le Tribunal administratif des marchés financiers (TAMF), 50 000 personnes s’étaient inscrites à la prévente…

Dans CreUnite, on proposait d’investir dans une nouvelle cryptomonnaie appelée « Cut », laquelle devait servir de monnaie d’échange sur une future plateforme virtuelle permettant à des inventeurs, à des manufacturiers, à des professionnels et à des bailleurs de fonds de se rencontrer afin de faire fructifier leurs inventions.

Dans Simard, l’intimé offrait sur Internet des services de gestion d’investissements dans les cryptomonnaies.

Dans toutes ces décisions, le TAMF, sur une base prima facie, a qualifié les produits offerts de « contrat d’investissement » au sens de la Loi sur les valeurs mobilières.

La nécessité d’obtenir un prospectus visé

Par conséquent, ces produits auraient dû faire l’objet d’un prospectus visé et leurs promoteurs auraient dû détenir une inscription auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), d’où les ordonnances conservatoires qu’a dû rendre d’urgence le TAMF afin de protéger les investisseurs et maintenir l’intégrité des marchés.

Bien sûr, une dispense de prospectus et d’inscription peut être obtenue. L’affaire Impak Finance inc. donne un bon exemple des conditions imposées par l’AMF pour le lancement d’une cryptomonnaie.

En conclusion, qu’elles soient proposées sous la supervision de l’AMF ou non, les cryptomonnaies sont à manipuler avec soin si l’on veut éviter des pertes qui, elles, n’ont rien de virtuel.

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