L’éthique est un sujet à la mode. Nous invoquons souvent le concept. Mais le faisons-nous à juste titre ?

Certains ont tendance à confondre l’éthique avec la déontologie. L’éthique s’interroge sur l’impact de nos décisions sur les autres; nous recherchons le corridor des comportements acceptables. Une question éthique ne se répond généralement pas par un oui ou par un non. La déontologie est plus précise et technique; on énumère des normes minimales à respecter.

Plusieurs organisations qui vivent des problématiques de nature éthique ont tendance à adopter rapidement, souvent à la suite d’une crise, ce qu’elles pensent être un code d’éthique, alors qu’il s’agit plutôt d’un code de déontologie. Ce code prévoit des règles qui sont imposées aux membres de l’organisation. Cela n’est pas mauvais en soi, c’est même un minimum à avoir dans les organisations. Malheureusement, ces règles sont souvent respectées uniquement par crainte des conséquences négatives de leur non-respect plutôt que par adhésion à des valeurs collectives porteuses pour l’ensemble de l’organisation. Au surplus, ces règles strictes obligent les organisations à mettre sur pied des systèmes de contrôle qui peuvent être coûteux et complexes. Enfin, ces règles laissent peu de marge de manoeuvre aux décideurs lorsque les circonstances le demanderaient.

À long terme, il est préférable d’adopter une approche qui privilégie l’adoption par les membres de l’organisation de grandes valeurs ou principes éthiques qui supporteront l’action. Ces derniers ayant participé à l’élaboration des principes, l’adhésion s’en trouvera facilitée. En effet, nous sommes davantage portés à respecter des normativités où nous avons pu jouer un rôle dans leur élaboration. Le système de contrôle peut alors être moins imposant et, de ce fait, moins coûteux et plus flexible. Également, l’adoption de grands principes permet plus facilement de tenir compte des circonstances et des exceptions. Dans ce dernier scénario, on peut alors véritablement parler d’une démarche éthique.