Les amateurs de hockey de même que ceux qui connaissent moins ce sport, comme moi, ont sûrement entendu parler de la décision R. c. Petiquay ayant condamné un joueur de hockey à une peine de 9 mois d’emprisonnement pour avoir commis des voies de fait causant des lésions corporelles à l’endroit d’un autre joueur lors d’un match de la Ligue de hockey senior AAA du Québec.

Cette décision, qui s’écarte des peines imposées par le passé pour des cas semblables, offre un aperçu de l’univers du hockey et nous invite à une réflexion sur les façons de faire dans ce milieu. Le juge a affirmé que «l’embauche de pugilistes déguisés en joueurs de hockey est à proscrire».

Il a adressé sa décision non seulement à M. Petiquay, mais également à d’autres joueurs de hockey ayant pris part à des actes de violence ainsi qu’aux différentes organisations sportives, qui, selon lui, devraient bannir les bagarres et punir avec rigueur les contrevenants.

Les événements ont commencé lorsque l’entraîneur de l’équipe de M. Petiquay a ordonné à ses joueurs de «vider les bancs», ce qui a donné lieu à une mêlée générale. Cela fonctionne ainsi: tous les joueurs se rendent sur la patinoire afin de se battre avec ceux de l’autre équipe. Ceux qui ne veulent pas se battre gardent leur casque ou agrippent un joueur de l’autre équipe sans l’attaquer. Ceux qui désirent se battre retirent leurs gants et leur casque et cherchent un adversaire.

M. Petiquay, engagé pour ses talents de bagarreur et dont le rôle était de protéger ses coéquipiers, s’est rapidement approché de la victime, qui ne l’a pas vu arriver, et il lui a asséné un violent coup de poing au visage. Cette dernière portait son casque afin de signaler son intention de ne pas se battre. La victime souffre encore des séquelles de l’agression.

Ce n’était pas la première fois que M. Petiquay était impliqué dans un cas de violence sur la patinoire. Il avait déjà été suspendu par la ligue de hockey et avait été condamné au criminel pour avoir donné un coup de bâton à la tête d’un adversaire. Le juge a dénoncé le fait que la ligue ait levé la pénalité, permettant le retour de M. Petiquay au sport, ainsi que l’ordre de l’entraîneur de vider le banc. De ce fait, il a reconnu que la responsabilité morale de M. Petiquay était partagée.

Le juge a attiré l’attention sur les risques que les bagarres au hockey représentent pour la santé et la sécurité des joueurs, notamment dans un contexte où ceux-ci enlèvent leurs casques avant de se battre sur une surface glissante, tout en ayant des lames sous les pieds. Il a fait ressortir le risque important de lésions corporelles.

Autre fait intéressant, le juge a souligné qu’une agression semblable, commise à la sortie d’un bar par un récidiviste et entraînant des conséquences semblables pour la victime, serait sévèrement punie, alors que les peines imposées pour des cas de violence au hockey ne sont généralement pas assorties d’une période d’emprisonnement.

La beauté de cette décision réside, à mon avis, dans le fait d’encourager l’évolution du droit afin qu’il suive l’évolution de la société. Le juge aurait pu simplement appliquer les principes juridiques en matière de détermination de la peine − exercice qu’il a fait, bien sûr −, mais il a fait «un pas de plus» en les appliquant de façon à «souligner l’intolérance de la société face à la violence dans le sport».

Si ce n’est pas déjà fait, je vous encourage fortement à lire cette décision!

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