Comment une plateforme numérique d’information juridique peut-elle être complémentaire aux services des conseillers juridiques? SOQUIJ fait part de quelques apprentissages tirés de son projet JuridiQC.

Dans son plan stratégique 2015-2020, le ministère de la Justice du Québec (MJQ) a constaté une perception d’inaccessibilité de la justice «qui semble principalement miner la confiance de la population à son endroit». Parmi les «pratiques innovantes» instaurées pour améliorer l’accès à la justice, on retrouve la plateforme numérique JuridiQC, lancée en 2020.

Quelques années plus tard, ce service destiné aux citoyens s’avère être bien utile pour les juristes. Le contraire aurait d’ailleurs été étonnant puisque les équipes de SOQUIJ derrière ce projet ont impliqué la communauté juridique dès la phase de recherche, en 2018. Depuis, plusieurs experts juridiques composent le comité aviseur de JuridiQC et contribuent au développement de la plateforme.

Le caractère spécifique de l’information disponible sur JuridiQC en fait un bon complément aux rencontres qu’un avocat peut avoir avec sa clientèle.

Des citoyens mieux informés et mieux préparés

Le caractère spécifique de l’information disponible sur JuridiQC en fait un bon complément aux rencontres qu’un conseiller juridique peut avoir avec sa clientèle. Les Québécois et les Québécoises peuvent en effet y trouver des réponses à leurs questions sur la séparation et le divorce, la perte d’autonomie chez les aînés ou encore les droits des locataires, et ce, dans un langage clair et facile à comprendre. Ainsi informés sur leurs droits, les citoyens sont mieux outillés pour les faire valoir et ils ont une meilleure compréhension de leur situation.

La référence à JuridiQC est aujourd’hui une pratique bien établie au sein des centres de justice de proximité et auprès de certains professionnels, comme les médiateurs familiaux. Les juristes qui l’utilisent et qui le recommandent à leur clientèle observent que cela participe à la diminution du stress du justiciable, lequel arrive alors aux rencontres dans de meilleures dispositions. De plus, les équipes de SOQUIJ simplifient le droit sans exclure le jargon juridique, et ce, afin de créer un contenu proche de la réalité vécue par un citoyen qui entreprend une démarche juridique. Ce dernier devient alors plus participatif, facilitant le travail du professionnel qui l’accompagne.

Une identification claire des ressources disponibles

Une fois sa limite atteinte en matière d'information juridique, par exemple lorsque les recours dont le citoyen dispose ne sont pas clairement identifiés et qu'il est nécessaire de demander un avis ou un conseil juridique, JuridiQC renvoie le lecteur vers le professionnel désigné pour obtenir plus de renseignements et l’accompagnement nécessaire à ses démarches.

Cela est aussi vrai avec l’Outil d’aide au divorce conjoint, qui accompagne ceux et celles qui souhaitent constituer eux-mêmes leur dossier de divorce conjoint. Ainsi, les couples mariés, tout au long du questionnaire en ligne fourni par l’outil et à toutes les étapes du processus, sont invités à consulter des professionnels pour obtenir des conseils ou un avis juridique sur leur situation personnelle. Il leur est même recommandé d’avoir conclu leurs ententes au préalable en faisant appel à un médiateur familial avant d’utiliser l’outil.

Plus qu’un site Web d’information, JuridiQC a été conçu comme une porte d’entrée pour tout citoyen qui veut entreprendre une démarche juridique. Les Bottins de ressources – un pour chacun des 3 thèmes traités – sont des éléments importants de la navigation sur la plateforme. Ils permettent de trouver une variété de professionnels et d’organismes relevant des domaines juridique, financier et psychosocial.

Pour les équipes de SOQUIJ, l’autonomisation du citoyen et la valorisation des expertises professionnelles ne sont pas des objectifs inconciliables.

Du contenu psychosocial pour un accompagnement au-delà du juridique

La charge émotionnelle qui accompagne les démarches juridiques est évidente. C’est pourquoi JuridiQC met également à la disposition des citoyens du contenu psychosocial et recense les ressources pertinentes dans ce domaine. Pour les juristes, le service se présente alors comme une occasion d’offrir un accompagnement qui va au-delà des attentes. Par exemple, l’avocat peut diriger son client en instance de divorce vers la page d’information de JuridiQC qui traite du choix d'un calendrier de garde des enfants ou encore vers l’épisode des Balados JuridiQC qui rapporte le témoignage d’un couple qui est parvenu à parler d’argent sereinement. Une fois son travail effectué, le conseiller juridique peut aussi renvoyer son client vers les différents bottins de ressources de JuridiQC, où ce dernier pourra trouver le soutien psychosocial dont il a besoin.

Pour les équipes de SOQUIJ, l’autonomisation du citoyen et la valorisation des expertises professionnelles ne sont pas des objectifs inconciliables. Réunir et faire travailler ensemble toutes les parties prenantes est la recette qui semble fonctionner jusqu’ici.