Il y a parfois de ces jugements qui nous réconcilient avec les vicissitudes de la vie!

Lorsque vous êtes parents, vous voulez ce qu’il y a de mieux pour votre enfant. Et si, en plus, votre enfant souffre d’un handicap qui l’empêche de pourvoir à ses besoins une fois devenu adulte, une question vous hante : que va-t-il lui arriver lorsque je ne serai plus là?…

Le législateur, sensible aux revendications des parents se trouvant dans cette situation, a adopté en 2005 l’article 72 de la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles, permettant des règles assouplies aux prestataires du programme de contraintes sévères à l’emploi en ce qui a trait aux biens et aux éléments d'actif acquis par succession.

La ministre de l’époque avait confirmé que cette disposition visait particulièrement les personnes handicapées dont les parents auraient pris soin une bonne partie de leur vie et qui recevraient un héritage.

Ainsi, par l’adoption de l’article 164 du Règlement sur l’aide aux personnes et aux familles, les avoirs liquides et la valeur des biens reçus par succession dans ce cas sont exclus jusqu’à concurrence d’un montant total de 130 000 $.

En application de ces principes, le Tribunal administratif du Québec a rendu une décision concluant que le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale ne pouvait comptabiliser, dans les revenus disponibles du prestataire handicapé, la rente mensuelle de 300 $ dont ce dernier a hérité à la suite du décès de son père. Cette rente a été «achetée» à partir d’un legs initial de près de 46 000 $. Elle sera versée pendant une période de 16 ans et 7 mois.

Le TAQ a considéré que le prestataire ne devait pas être pénalisé parce qu’il ne pouvait toucher qu’une partie de son héritage mensuellement, et ce, pour une période déterminée. Son père a voulu le protéger, ce qui est tout à fait conforme avec l’esprit et l’objectif visés par la loi et le règlement.

Si vous me permettez l’anglicisme et le néologisme, je dirais que cette décision constitue une feel-good story. Elle fait contrepoids à toutes les décisions que j’ai lues où les parents (probablement avec l’aide de leurs avocats ainsi que de leurs comptables) avaient essayé en vain de permettre à leurs enfants prestataires et handicapés de toucher leur part d’héritage, notamment par la création de fiducies. Les dispositions de la loi et du règlement permettent maintenant aux parents d’avoir une plus grande tranquillité d’esprit.