Sans cesse à l'affût de l'anglicisme -- flagrant ou sournois --, nous avons décelé au moins trois risques, en français, au sujet des mots adresse et adresser.
Tout d'abord, une «adresse» n'est jamais une allocution ou un discours, contrairement à l'anglais (the president gave a television address). En français, si quelqu'un donne une adresse, il s'agira de son nom et de l'endroit où se trouve son domicile, de son adresse électronique, de renseignements permettant de situer un bon restaurant, etc.
Ensuite, si l'on peut adresser une remarque au chauffeur de l'autobus, adresser une carte d'anniversaire à un collègue ou adresser une cliente mécontente au superviseur, il faut absolument éviter de calquer l'anglais et d'«adresser un problème ou une question». On s'attaque à un problème, on le considère; on aborde une question, on l'examine; on se penche sur le point en litige; etc. Les synonymes ne manquent pas!
Enfin, comme si cela ne suffisait pas, on doit se méfier de l'orthographe. L'anglais, en effet, qui nous a emprunté le mot «adresse», a notamment ajouté un «d» à sa graphie, pour des raisons... sans doute valables et que nous n'aborderons pas pour l'instant. Donc, il faut demeurer vigilant et ne pas écrire, en français, «une addresse» ni «les chroniques linguistiques s'addressent à tous».