Le 17 octobre dernier représentait une date charnière pour l’industrie canadienne du cannabis. En effet, on célébrait l’an 1 de sa légalisation. En outre, c’est également à cette date que le Règlement sur le cannabis comestible, les extraits de cannabis et le cannabis pour usage topique est entré en vigueur.

Les producteurs de cannabis seront dorénavant autorisés à proposer à Santé Canada des produits comestibles qui pourront être mis en marché. Ces produits devront toutefois être soumis à une période d’évaluation de 60 jours.

Le Québec et son règlement interdisant la vente de certains produits comestibles

Même si le gouvernement fédéral avait annoncé que les produits comestibles du cannabis seraient légalisés en octobre 2019, les provinces avaient la possibilité de restreindre l’éventail des produits offerts sur leur territoire.

Ainsi, en juillet dernier, le gouvernement du Québec a annoncé son intention d’adopter le Règlement déterminant d’autres catégories de cannabis qui peuvent être vendues par la Société québécoise du cannabis et certaines normes relatives à la composition et aux caractéristiques du cannabis interdisant la vente de certains produits comestibles. Les produits visés? Tous les produits comestibles qui sont « une friandise, une confiserie, un dessert, du chocolat ou tout autre produit attrayant pour les mineurs ».

Un vent de changement?

Or, en cette journée de célébration, la Société québécoise du cannabis (SQDC) a exprimé son ouverture à vendre certains produits.

Cette situation est une surprise pour les producteurs. En effet, il demeure que la SQDC est une société d’État et une filiale de la Société des alcools du Québec.

 « C’est un pas de l’avant. On ne sait pas ce qui se passe dans les officines du gouvernement, mais c’est une ouverture »

Michel Timperio, président de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis

Attention! La vente, oui, mais pas de tous les produits comestibles

Il demeure que les producteurs qui proposeront certains produits devront respecter les objectifs du gouvernement, notamment celui de prévenir l’intoxication involontaire chez les enfants.

« Des barres granola, par exemple. Mais pas aux pépites de chocolat, parce qu’elles seraient attrayantes pour les enfants. Un muffin au son pourrait être acceptable, mais pas un cupcake ou un muffin au chocolat. La ligne va être là. À mesure que les producteurs vont nous faire signe sur leurs intentions, on va les guider. »

Jean-François Bergeron, président-directeur général de la SQDC

Par ailleurs, les boissons infusées au THC risquent en fait d’être les principaux produits comestibles que la SQDC commercialisera dans un premier temps. M. Bergeron poursuit : 

 « On ne vendra pas des produits qui s’apparentent à des boissons gazeuses, mais un thé glacé destiné aux adultes, qui ne serait pas bourré de sucre, ou une boisson pétillante au goût de citron, ça passerait »

Interprétation du cadre législatif

À ce sujet, la SQDC a été très claire. Ce sera elle qui interprétera la réglementation. En cas de doute, elle se référera au ministère de la Santé et des Services sociaux afin d’obtenir son opinion.

Il est toutefois important de préciser que, malgré cette ouverture exprimée par le dirigeant de la SQDC, ce dernier a évoqué son malaise relativement à la vente peut-être un peu trop hâtive des produits comestibles.

« C’est extrêmement rapide d’avoir ça un an après la légalisation. On aurait pu prendre notre temps et attendre que la première phase soit bien intégrée et que les producteurs aient optimisé leurs procédés avant d’en ajouter une couche. Ce n’est pas une course ».

 On peut donc se demander si l’industrie est réellement prête à offrir ce type de produits à ses consommateurs, et ce, même si la SQDC a ouvert la porte à certains produits comestibles.

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