À l’échelle mondiale, de nombreuses personnes meurent chaque jour des suites d’un accident du travail ou de maladies professionnelles. Le 28 avril a été décrété Journée mondiale de la sécurité et de la santé du travail, mais également la Journée internationale de commémorations des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail.

Cette année, la CNESST n’a pas lésiné sur la campagne publicitaire afin de nous rappeler cette journée de deuil et sensibiliser les employeurs, les syndicats et les travailleurs à l’importance de la prévention. Le 28 avril, Jour de deuil | Commission des normes de l’équité de la santé et de la sécurité du travail – CNESST (gouv.qc.ca). On trouve sur ce site des outils et une panoplie d’informations sur les obligations en santé et en sécurité du travail qui valent la peine d’être consultés.

Nous avons tous dans notre entourage, de près ou de loin, une personne qui a subi un accident du travail ou une maladie professionnelle. Pour ma part, il s’agit de mon grand-père, qui travaillait dans une aluminerie à Arvida. Il est décédé beaucoup trop jeune des suites d’un cancer de la vessie d’origine professionnelle. Mon grand-père, tout comme plusieurs de ses collègues de l’époque également décédés, avait été exposé à des substances cancérigènes dans le cadre de son travail. Un tel décès aurait pu être évité.

Certains pourraient croire que, de nos jours, les mesures de sécurité qui s’imposent sont déjà en place. Or, il est toujours surprenant de constater que l’on est loin de cet idéal.

Les lésions physiques

Dans une décision récente, il a été reconnu que le mésothéliome épithélioïde — un type de cancer rare — dont était décédée une infirmière auxiliaire constituait une maladie professionnelle reliée à son exposition à la fibre d’amiante lors des travaux de construction ayant eu cours à l’établissement de l’employeur. Les travaux les plus importants avaient été effectués en 1982, 1985, 1990 et 1998. Un témoin a notamment rapporté que: «les dégâts sont importants et il y a beaucoup de poussière, d’autant plus que la ventilation n’est pas arrêtée. Même les résidents sont recouverts de poussière» (paragr. 47). Comment se fait-il qu’une telle situation puisse encore exister alors que la dangerosité de la fibre d’amiante est connue depuis de nombreuses années? Il est permis de se questionner.

Il ne faudrait pas oublier non plus qu’il n’y a pas de petits accidents du travail. Parfois, un banal accident peut entraîner de lourdes conséquences. Par exemple, dans une décision portant sur la reconnaissance d’une récidive, rechute ou aggravation, on décrit les circonstances de l’événement initial. Un plâtrier avait fait une chute d’une hauteur d’environ 33 pouces, sur le dos, et avait heurté une fausse marche. Bien qu’il s’agisse d’une chute d’une hauteur peu importante, le travailleur a dû subir 3 interventions chirurgicales lombaires et 24 interventions rectales, toutes reliées aux conséquences de la lésion professionnelle. Une atteinte permanente de 169,5 % a été reconnue. Le travailleur a été déclaré incapable d’occuper tout emploi rémunérateur. 

Les lésions psychologiques

Au-delà des lésions de nature physique, il y a également les lésions psychologiques.

En effet, un employeur a l’obligation de protéger tant la santé physique que la santé psychique de ses travailleurs.

Dans une décision récente, le Tribunal a conclu que le suicide du travailleur, un pompier, était attribuable à sa lésion professionnelle de nature psychologique survenue à la suite d’une intervention difficile auprès d’un homme qui était enseveli dans du tourteau de soya.

Dans une autre décision, le Tribunal a conclu que le suicide du travailleur, un préposé à la fabrication de neige, était attribuable à sa lésion professionnelle de nature physique survenue lorsqu’il a été heurté à la tête et au côté du visage en relevant un canon à neige qui venait de basculer. Le Tribunal a conclu que l’aggravation des migraines du travailleur, de son anxiété, de son insomnie et de son incapacité à s’occuper de sa famille à la suite de sa lésion professionnelle avait contribué de façon déterminante à son suicide.

On ne soulignera jamais assez l’importance de la prévention. La Loi sur la santé et la sécurité du travail a d’ailleurs pour objet l’élimination à la source des dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique et psychique des travailleurs (art. 2). Travaillons tous ensemble à la réalisation de cet objectif.

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